DÉCLARATION DE S.E. PAUL BIYA, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, DÉLIVRÉE PAR S.E. MBELLA MBELLA, MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES, NEW YORK, 25 SEPTEMBRE 2025
Madame la présidente,
L’honneur m’échoit de prononcer cette déclaration que Son Excellence Paul BIYA, Président de la République du Cameroun, Chef de l’Etat, m’a instruit de délivrer en son nom.
Permettez-moi donc à ce titre, de vous renouveler les chaleureuses félicitations du Cameroun suite à votre élection a la présidence de la 80ème session de l’Assemblée Générale de notre organisation. Votre expérience diplomatique et votre vision, qui nous encouragent à unir nos efforts pour un avenir meilleur, sont des gages de succès à la fois de votre mandat et de nos délibérations tout au long de cette session. Vous pourrez compter, à cet égard, sur la coopération pleine et entière de la délégation du Cameroun.
Comme vous le savez, mon pays a été honore de voir votre prédécesseur, l’Ambassadeur Philémon YANG, présider la 79ème session de l’Assemblée Générale. Je voudrais saluer ici l’engagement, le professionnalisme et la détermination, empreints d’un sens d’écoute et de dialogue dont il a fait preuve dans l’accomplissement de son mandat. Qu’il me soit aussi permis de réitérer à Monsieur Antonio Guterres, Secrétaire Général des Nations Unies, l’appréciation sincère du Cameroun pour ses efforts inlassables à la tête de notre organisation et sa volonté manifeste pour la consolidation du multilatéralisme dans un contexte international particulièrement difficile et complexe.
Madame la présidente, Excellences, Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement, Monsieur le Secrétaire Général, Distingués représentants, Nous nous réunissons cette année à un moment charnière de notre organisation, qui célèbre ses 80 ans. La célébration d’un anniversaire est toujours l’objet de joie. Mais force est de reconnaître que la célébration actuelle nous laisse plutôt interrogateur. Aussi, l’occasion nous est-elle donnée de faire son bilan et de réfléchir sur les voies et moyens de la rendre davantage efficace dans la mise en œuvre de ses missions, des recommandations et des promesses contenues dans sa charte. Vous avez proposé à cet égard, Madame la présidente, la mutualisation de nos volontés, de nos efforts et de nos ressources. Vous estimez, à juste titre, que nous sommes « meilleurs ensemble ».
Le Cameroun partage avec vous cette vision et se félicite du choix du thème pour nos discussions. Je cite : « Mieux vivre ensemble, 80 ans et plus pour la paix, le développement et les droits de l’homme », fin de citation. Ce thème est plus qu’un slogan. Il s’agit d’un programme pertinent que nous nous devons de décliner au niveau des Etats et de la communauté internationale dans son ensemble, en actions concrètes.
L’union de nos forces est le fondement même de la charte des Nations Unies. Ses pères fondateurs étaient conscients de ce que maintenir la paix et la sécurité internationales, favoriser le développement économique et social pour tous, ne pouvaient être que le fruit d’un travail collectif. C’est pourquoi nous devons maintenir cette dynamique, pour le bien-être de nos populations.
Madame la présidente,
Excellence Mesdames et Messieurs,
Monsieur le Secrétaire Général,
L’ONU a été créée pour être à la fois un vecteur d’espoir, un forum de dialogue et un catalyseur d’actions concrètes pour bâtir un monde plus juste, plus sûr et plus solidaire.
80 ans plus tard, il est utile comme je venais de le souligner plus haut, de faire un bilan et d’en tirer des enseignements pour l’avenir. Les questions ci-après se posent : y sommes-nous parvenus ? avons-nous réussi à mettre nos peuples à l’abri de la peur de la guerre, de l’incertitude pour leur avenir, et de la famine ? la situation internationale actuelle, caractérisée par de nombreuses crises, nous offre une réponse négative et éloquente à ces questions.
En 2025, l’environnement sécuritaire mondial reste malheureusement marqué par une multiplication des conflits et des menaces en tous genres contre la sécurité humaine, y compris la menace nucléaire qu’on pensait d’un autre temps.
Que ce soit en Europe, en Asie centrale, au Moyen orient, en Amérique latine et en Afrique, les foyers de tensions naissent ou persistent, et mettent en péril, plus que par le passé, la paix, la stabilité et la sécurité internationales.
Les conflits armés actuellement en cours dans le monde sont un douloureux rappel de ce que, 80 ans plus tard, nous n’avons ni pu, ni su préserver le monde du fléau de la guerre.
Cette situation est davantage exacerbée par les catastrophes naturelles les plus diverses. Il s’agit entre autres, des phénomènes naturels extrêmes tels que les tempêtes, les ouragans, les incendies de forêts, les tremblements de terre et autres glissements de terrain à l’origine d’importants dégâts matériels et de plusieurs pertes en vies humaines sans omettre les différentes pandémies.
Le monde ne pourra relever le défi du développement que s’il remporte celui de la paix. Nous avons la responsabilité historique de choisir : soit de permettre à la guerre et à ces multiples fléaux de prospérer, soit d’offrir à nos enfants un monde stable, uni et prospère. Le Cameroun a fait son choix, celui de la paix et du développement et se tient résolument à vos côtés pour transformer cette aspiration en réalité partagée.
Madame la présidente,
Excellence Mesdames et Messieurs,
Monsieur le Secrétaire Général,
Il est bien connu qu’il ne saurait avoir de développement sans paix, ni de paix durable sans développement. Les crises en cours, qui ont des effets néfastes sur le commerce international, le coût des matières premières et l’approvisionnement des marches freinent indubitablement le développement de nombreux pays.
Pourtant, le développement économique à travers les objectifs du développement durables, demeure un objectif primordial que les nations unies devraient atteindre pour le bien-être des populations.
Ces dernières années cependant, on note avec regret que des millions de personnes vivent toujours dans l’extrême pauvreté, la précarité adosse aux maladies et à l’insécurité alimentaire. Dans ce contexte particulier, les enfants, les femmes, les personnes âgées et les personnes à mobilité réduite sont les plus vulnérables.
Si l’accès à l’éducation s’est élargi, nombreux sont encore les enfants et les jeunes qui sont hors du système scolaire. Dans le même temps, l’on note un recul de l’espérance de vie, une dégradation des indicateurs de santé et une insuffisance critique du nombre de professionnels de santé, particulièrement en Afrique.
A cinq ans de l’échéance des objectifs de développement durable, il est urgent que des actions concertées soient prises pour tenir les promesses contenues dans l’agenda 2030. Nous devons effectivement prendre nos responsabilités, individuellement et collectivement, afin d’atteindre ces objectifs que nous nous sommes fixés volontairement.
Madame la présidente,
Excellence Mesdames et Messieurs,
Monsieur le Secrétaire Général,
Le Cameroun, pupille des Nations Unies, reste attaché aux objectifs et principes de la charte des Nations Unies, et ne ménage aucun effort, sous la très haute impulsion de S.E. Paul BIYA, Président de la République, pour la promotion de la paix et de la sécurité internationales.
C’est dans cet esprit que mon pays participe activement aux opérations de maintien de la paix des nations unies, et œuvre, grâce à ses trois grandes écoles spécialisées, à la formation des agents et cadres de la police, de la gendarmerie et autres civils africains qui prennent part à ces opérations. De surcroît, le Cameroun reste engagé de manière constante dans la lutte contre le terrorisme en général, voire dans le Sahel et en particulier dans le Bassin du Lac Tchad où sévit la secte Boko Haram.
En matière économique, mon pays s’est doté d’une stratégie nationale ambitieuse, qui promeut un développement économique et social harmonieux de toute la nation, tout en favorisant les progrès en matière de démocratie, de respect des droits humains et de la bonne gouvernance.
Ceci nous permet de concrétiser progressivement et méthodiquement les objectifs de développement durable et l’agenda 2063 de l’union africaine, entre autres.
Madame la présidente,
Excellence Mesdames et Messieurs,
Monsieur le Secrétaire Général,
Dans le bassin du Congo, le Cameroun participe activement à la recherche de solutions au dérèglement climatique mondial, à la protection de la faune et de la biodiversité. Il fera toujours sa part et attend que les promesses faites, en termes de financements, soient tenues. Pour le Cameroun, il importe que les efforts des pays en développement soient soutenus.
A cet égard, il convient de rappeler une fois encore, qu’il y’a plus d’une décennie, les pays développés ont pris l’engagement collectif de mobiliser 100 milliards de dollars US par an pour appuyer les efforts de lutte contre le changement climatique. Il en est de même pour l’aide au développement fixée à 0,7% depuis une cinquantaine d’années.
Jusqu’à présent, toutes ces promesses n’ont pas été tenues. Le Cameroun estime qu’il est temps que les fonds attendus soient effectivement mobilisés pour soutenir les efforts importants que font les pays en développement dont ceux de l’Afrique, pour que notre environnement commun soit préservé, pour le bénéfice de tous.
Sur un autre plan, une mobilisation générale des ressources s’opère au Cameroun en faveur des projets majeurs dans les domaines de l’éducation, la santé, les infrastructures et le développement rural etc, en vue d’apporter une transformation structurelle au pays. Nous saisissons cette occasion pour remercier nos partenaires multilatéraux et bilatéraux qui nous accompagnent dans cette dynamique. Nous les encourageons à renforcer ce partenariat pour nous permettre d’atteindre les objectifs escomptés.
Madame la présidente,
Excellence Mesdames et Messieurs,
Monsieur le Secrétaire Général,
Le pacte pour l’avenir et ses deux annexes à savoir, le pacte numérique et la déclaration sur les générations futures nous interpellent pour leur mise en œuvre.
De même, les récents documents finaux des conférences de Nice et de Séville, ainsi que la déclaration de Yaoundé sur l’économie bleue durable dans le Golfe de Guinée, des engagements ont été à nouveau pris en matière de financements et d’accès aux technologies, surtout en cette ère du numérique et de l’intelligence artificielle, comme facteurs décisifs pour promouvoir le développement durable.
Le Cameroun salue ces avancées ainsi que les engagements pris lors de ces occasions pour la réforme de l’architecture financière internationale et la transition énergétique. Mon pays aspire ardemment à la concrétisation d’autres réformes longtemps attendues, notamment celle du Conseil de sécurité des Nations Unies, pour permettre à l’Afrique d’occuper la place qui lui revient, conformément au consensus d’Ezulwini et à la Déclaration de Syrte.
En matière de droits humains, le Cameroun se félicite de l’élaboration du pacte international sur le droit au développement. L’adoption éventuelle de cet important instrument marquera l’histoire de l’humanité en consacrant, sans équivoque, que le développement est un droit fondamental et non une faveur.
Madame la présidente,
Excellences, Mesdames, Messieurs,
Monsieur le Secrétaire Général,
En ce moment particulier de l’histoire des Nations Unies, il nous revient d’agir et c’est une obligation impérative à laquelle nous ne saurions nous soustraire.
Ceci passe, à mon sens, par le respect de nos engagements pour le financement du développement, la matérialisation de nos promesses en faveur de la paix, et l’efficacité de nos choix en matière des droits humains et d’assistance humanitaire.
Il nous appartient encore, pour les années à venir, de renforcer les fondations d’une paix durable, ancrée dans la prévention, la résilience et la justice.
Nous en avons les moyens, surtout en ce moment où la richesse globale en 2025 atteint des niveaux sans précèdent, et où le développement technologique permet d’améliorer de façon significative les conditions de vie de tous et de chacun.
En conclusion et guise d’exhortation, nous devons donc faire mieux et davantage pour que l’organisation des nations unies tienne les promesses faites aux peuples du monde, et qu’elle devienne plus que jamais le moteur d’un multilatéralisme renforcé ; d’une coopération juste et équitable, et d’une solidarité repensée face à l’avancée inquiétante de la multipolarité.
Je vous remercie de votre aimable attention. /-
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